Plus fort que la mémoire,

"Imaginez que vous ayez accès, d'un simple clic, à toutes les informations reçues au cours de votre vie", résume Bill Gates, fondateur de Microsoft, dans la préface de l'ouvrage publié par Flammarion et co-signé par Gordon Bell et Jim Gemmell. Une photographie de chacun d'entre nous, à chaque jour de notre existence, pour "lutter contre l'oubli" et "se rappeler ce qu'il faut, quand il faut": voilà l'idéal poursuivi par les deux chercheurs qui y consacrent tout leur temps depuis plus de dix ans. En 1998, "à l'origine, le projet "MyLifeBits" avait pour objectif de numériser les ouvrages de Gordon Bell. Avec le temps, il s'est changé en tentative inédite d'enregistrer et conserver, sous forme numérique, tout ce que Gordon voit, entend, apprend, ressent", souligne Bill Gates. De ses factures à ses bulletins scolaires sous oublier sa collection de mugs, Gordon Bell a scanné des quantités d'éléments "réels" de son quotidien: une somme d'informations qui correspond à ce jour à 261 gigaoctects, enregistrées dans son ordinateur central, et une centaine d'autres stockées à distance. "Total Recall va bouleverser le fait même d'être humain. A terme, l'avènement de ce programme constituera pour la prochaine génération un changement aussi important que l'ère numérique l'a été pour la nôtre", estime Gordon Bell. Car l'expérience peut être poussée jusqu'à utiliser "tout un arsenal de caméras, micros, GPS et autres appareils" pour restituer fidèlement une rencontre, un coup de fil, un itinéraire ou même ses propres "réactions physiologiques" lors d'un événement particulier. "Après votre mort, le corpus d'informations ainsi constitué permettra même la création d'un "vous" virtuel. Vos souvenirs numériques et les traits de votre personnalité, sous forme fossilisée, formeront comme un "avatar" avec lequel les générations futures pourront converser", prédit même l'ouvrage. Ses auteurs admettent que, certes, "un changement aussi considérable a de quoi effrayer. Comment ne pas craindre, par exemple, que le gouvernement nous espionne par le biais de nos e-souvenirs?". "Cela implique bien entendu le développement d'une déontologie nouvelle - il s'agit de déterminer qui a le droit d'enregistrer qui, quand et où", soulignent-ils. Rejetant toute référence au "Big Brother" de George Orwell dans "1984", ils préfèrent parler d'un "Little Brother", qui représenterait la face "démocratique" d'une société de surveillance globale, dans laquelle les moyens d'enregistrement, au lieu d'être aux mains d'une autorité centrale unique, sont partagés entre des millions d'individus".

Mon avis: ça me fait très peur!!! Pas vous?